Les Comités  du Souvenir Français Savoie

Cérémonie en hommage aux 73 Mobiles Savoyards

morts pour la Patrie

147ème Anniversaire de la bataille de la Lisaine

Vendredi 12 janvier 2018, place Monge, Chambéry s'est déroulée la cérémonie en hommage aux 73 Mobiles Savoyards, morts pour la Patrie au cours des journées des 15 et 16 janvier 1871

Cette année encore, le nombre important de personnes présentes, prouve la transmission des valeurs de Mémoire aux générations successives. Ainsi étaient présents 2 classes de CE1 et CE2 de l’école Caffe, les élus des Conseils Municipal et Départemental, un grand nombre de membres de plusieurs comités de notre association et une quinzaine de porte-drapeaux. Que chacun soit remercié pour sa participation.

Historique

Pendant la campagne de 1870-1871 contre l'Allemagne, le département de la Savoie a mis sur pied deux bataillons de garde nationale mobile et une batterie d'artillerie. L'effectif des combattants était de 2.738 hommes. Les pertes ont été de 149 hommes pour le 1er Bataillon, de 91 pour le 2e Bataillon et de 3 pour l’Artillerie. La Haute-Savoie avait fourni trois bataillons. L'effectif des combattants était de 3.173 hommes. Les pertes ont été de 118.

La campagne se terminait au mois de janvier 1871, au milieu des cruelles souffrances d'un hiver rigoureux, par les deux sanglants épisodes de Béthoncourt, pour le 1er bataillon de la Savoie, et d'Héricourt, pour le 2e.

A Beaune-la-Rolande et à Béthoncourt, des monuments commémoratifs ont été élevés à la mémoire de nos soldats morts pour la patrie.

Après la rentrée des troupes prisonnières en Allemagne, un service solennel a été célébré en leur honneur dans la Cathédrale de Chambéry.

 

Puis le silence s'est fait pendant 22 années jusqu’au jour où un groupe des survivants eut l’idée de former un comité d'organisation sous la présidence de M. de Buttet, ancien lieutenant au 1er bataillon de Savoie, et composé de MM. les anciens sous-officiers Chenu, Barlet, Gotteland, et de MM. Folliet, Noirat et Tardy. Le marquis Charles-Albert Costa de Beauregard et le Père Jutteau, ancien aumônier, ne tardèrent pas à les rejoindre.

La réunion fut fixée au dimanche 22 janvier 1893 et débuta par un office religieux dans la chapelle Saint-Benoit, ornée de drapeaux et de panoplies.

Voici quelques mots de l’allocution du Père Jutteau :

« J'ai prononcé un nom qui aujourd'hui, en cet anniversaire, est dans toutes nos âmes et sur toutes nos lèvres. J'ai parlé de Béthoncourt ! chers et héroïques Mobiles ! Je les vois encore après cette solennelle prière qui précéda le combat, se jeter dans la vaste plaine, avec un élan qu'aucune parole humaine ne parviendra jamais à dépeindre. Je les vois, recevant sans fléchir, sans s'arrêter, sans s'émouvoir même la première des terribles décharges. C'est par centaines qu'ils tombent à mes côtés : les uns sont foudroyés, les autres s'agitent en d'affreuses convulsions sur la neige ensanglantée. Plusieurs se soulèvent, ils voient l'ennemi qui avance, ils veulent échapper aux profanations suprêmes ; ils se traînent dans quelque fossé, sous quelque arbre du bois, dans une cabane de bûcherons, pour y terminer dans l'isolement, dans l'abandon, au milieu de tortures sans nom, leur effrayante agonie. Oh non ! de telles scènes ne s'oublient jamais !»

Lors du repas qui suivit, le marquis Costa de Beauregard se leva et salua en ces termes ses chers compagnons d'armes :

« Je veux vous dire, mes chers amis, combien je suis heureux de me retrouver au milieu de vous. […] Je vous dois la plus violente et, à la fois, la plus douce émotion de ma vie : — C'était le soir de la bataille de Béthoncourt. Comme j'étais rapporté dans ce village dont l'attaque venait de nous être si fatale, un officier supérieur prussien me croise ; il s'arrête et salue le prisonnier : — « C'est vous, Monsieur, qui commandiez l'attaque ? — Oui, Monsieur. — C'était beau..., braves soldats... » Eh bien, c'était à vous, ô mes soldats, que l'ennemi rendait ainsi justice. C'était à vous que remontait cet éloge qui, après vingt-deux ans, gonfle encore mon cœur d'orgueil et remplit mes yeux de larmes. Qu'alliez-vous donc chercher ainsi sous les balles prussiennes ? Espériez-vous encore la victoire ? Non, vous n'espériez rien. Vous vouliez seulement continuer notre tradition militaire qui, depuis 600 ans, est faite chez nous de la sève des morts. Et voilà pourquoi je salue les 73 camarades qui, là-bas, dans le petit cimetière de Béthoncourt, dorment leur glorieux sommeil. Ils sont là pour marquer la place de notre Savoie sur la frontière et pour en montrer quelque jour le chemin à vos enfants. »

Descostes, ancien capitaine au 3e Bataillon concluait en ces termes :

« Je voudrais que, de cette journée, sortît un projet de monument patriotique. […] Je voudrais que, chaque année comme ce matin, nous nous souvinssions de nos morts. […] Je voudrais, en un mot, que cette journée ne fût pas un souvenir que le temps emporte, mais une date et le point de départ d'une réunion périodique et d'une action continue, qui serait pour les jeunes un enseignement et un exemple. »

En 1910, pour le 40ème anniversaire de ce conflit, pour ne pas oublier le sacrifice de ces hommes, le comité local du Souvenir Français, alors présidé par Léon Costa de Beauregard, neveu de Charles-Albert Costa de Beauregard, décida d’ériger à Chambéry un monument à leur mémoire.

C’est le dimanche 23 juin 1912 qu'eut lieu la cérémonie en présence du général Franchet d'Esperey et de M. Niessens, fondateur du Souvenir Français.