Un bourgetain - François Laurent Sevez - Général de Corps d'Armée
A contresigné la reddition de l'Allemagne nazie le 7 mai 1945 à Reims
Il est bon de rappeler que le 8 mai 1945, il n'y eu aucun armistice, mais une capitulation sans conditions.
L'histoire retiendra cependant, le 8 mai 1945 à Berlin. Mais c'est la veille, le 7 mai à 2h41, que les Allemands signeront leur capitulation sans condition et mettront ainsi fin à la Seconde Guerre mondiale en Europe. Cet événement historique se déroulera dans une salle de l'actuel lycée Roosevelt à Reims, où le général Eisenhower avait installé son quartier général.
Quatre généraux apposèrent leur signature à cet acte : Jodl, chef d'état-major des forces armées allemandes, l'Américain Bedell-Smith, au nom du camp allié, Sousloparov, pour l'Armée Rouge et le Français François Sevez, adjoint du général Juin retenu aux Etats-Unis.
La cessation des combats sera fixée au lendemain 8 mai, à 23h 01.
La Ratification de la capitulation sera établie le 8 mai à Berlin.
Pour Staline, il ne suffit pas que la capitulation ait été signée à Reims, dans la zone occupée par les Anglo-Saxons. Il faut aussi qu'elle soit ratifiée à Berlin, au cœur du IIIe Reich, et accessoirement dans la zone d'occupation soviétique.
Par ailleurs, si la capitulation sans conditions de l'armée allemande le 8 mai 1945 signifie la fin de la guerre en Europe, elle n'est pas synonyme pour autant de la fin de la seconde guerre mondiale. Dans le pacifique, la guerre n'est pas finie. Il faudra encore plus de trois mois et les deux attaques atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, pour que les Japonais se rendent, eux aussi, sans conditions, et que la seconde guerre mondiale prenne officiellement fin en septembre 1945.
Il y a 76 ans.
QUI ÉTAIT FRANÇOIS SEVEZ ? (Présentation très succincte)
Issu d’une vieille famille savoyarde, François-Laurent Sevez naît le 22 novembre 1891 à Chambéry. Fils d’un juge de la Cour d’appel de la même ville, étudiera d’abord le Droit à la Faculté de Lyon mais choisira de s’engager dans l’Armée à vingt ans sans passer par Saint-Cyr. Il servira d’abord au 97e Régiment d’Infanterie Alpine (RIA) à Chambéry et obtiendra le grade de Lieutenant de Réserve en 1913.
Il participera à la première Guerre Mondiale comme Lieutenant au 359è RIA incorporé à la 151è Brigade.
En quatre ans de combats, il recevra cinq blessures, trois citations et plusieurs décorations dont la Croix de Guerre et la Légion d’Honneur. Ayant obtenu le grade de Capitaine en 1918, il choisira de rester dans l’Armée d’active.
En 1919, François Sevez participera à l’occupation de la Ruhr sous les commandements des Généraux Mangin et Degoutte. Après un passage à l’Ecole de Guerre, il sera promu Chef de Bataillon et partira pour le Maroc. Versé dans la Légion Etrangère, il commandera le 1er Bataillon du 4è Régiment Etranger.
En 1935, il sera promu Lieutenant-Colonel. De retour en France, il entrera au Conseil Supérieur de la Guerre comme adjoint du Général Alphonse Georges alors Inspecteur Général des Troupes d’Afrique.
Auditeur du Centre des Hautes Etudes Militaires en 1938, il prendra le commandement du 13è Régiment de Tirailleurs Algériens (2è Division d’Infanterie Nord-Africaine) et obtiendra le grade de Colonel tout juste avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. A la tête de son Régiment, le Colonel Sevez combattra en Belgique et réussira à être évacué à Dunkerque après avoir pris la tête d’éléments de la 1ère DINA. (1ère Division d'Infanterie Nord-Africaine).
Il participera aux derniers combats de 1940 mais il sera encerclé par les Allemands et sera fait prisonnier. Il sera envoyé en captivité outre-Rhin. Il tombera malade et obtiendra son rapatriement à titre sanitaire.
Après le Débarquement Allié de novembre 1942, François Sevez suivra son chef le Général Juin dans le ralliement aux alliés et deviendra Chef d’Etat-Major du Commandement des Forces Terrestres d’Afrique du Nord et d’Afrique Occidentale le 3 juin 1943.
En septembre 1943, le Général Juin l’appellera pour commander la nouvelle 4è Division Marocaine de Montagne (DMM) qui composera le nouveau (CEF) qui prendra part à la Campagne d’Italie.
Il débarquera à Naples fin 1943. La 4è DMM restera en réserve du Corps Expéditionnaire Français (CEF) durant l’hiver et ne participera pas à l’assaut du Belvedere. En revanche, en mai, le Général Sevez mènera sa Division à l’assaut des Monts Arrunci.
En juillet 1944, la Division du Général Sevez rejoindra la 1ère Armée du Général de Lattre de Tassigny. A la mi-août, elle débarquera en Provence et remontera les Alpes de Provence pour y déloger les Allemands. En novembre, la Division participera aux combats pour la Libération de l’Alsace.
Le 21 décembre, il laissera le commandement de la 4è DMM au Général André Navereau, car il sera promu Chef d’Etat-major Adjoint de la Défense Nationale.
Ainsi, ce 7 mai 1945, à Reims, il aura l’honneur de contresigner l’acte de Capitulation allemande signé par le Général Alfred Jodl, aux côtés des généraux alliés.
De 1945 à 1948, le Général Sevez commandera successivement le 1er Corps d’Armée en Allemagne puis les Troupes françaises d’Occupation en Allemagne à partir de 1946.
Hélas, le 29 février 1948, à Offenburg, (sud-ouest de l'Allemagne) il succombera malheureusement à un accident de chasse. Il avait 57 ans.
Il sera inhumé au cimetière du Bourget du Lac.
Il était titulaire de :
France
- Légion d'honneur : Chevalier (10 juin 1915), Officier (16 juin 1920), Commandeur (31 décembre 1939), Grand Officier (8 mai 1945).
- Croix de guerre 1914-1918 avec 1 palme et 2 étoiles d'argent.
- Croix de guerre 1939-1945 avec 2 palmes.
- Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs avec 1 palme et 1 étoile de vermeil et 1 étoile de bronze.
- Médaille interalliée de la Victoire
- Médaille commémorative de la Grande Guerre.
- Médaille coloniale avec agrafes « Maroc » et « Sahara ».
Autres distinctions
- Chevalier de l'ordre de la Couronne, Belgique
- Commandeur de la Légion du Mérite, États-Unis
- Commandeur du Ouissam alaouite chérifien, Maroc
- Compagnon de l'ordre du Bain, Royaume-Uni
- Grand officier du Nichan Iftikhar, Tunisie
- Chevalier de l'ordre du Dragon d'Annam
- Médaille du Mérite libanais, Liban
- Chevalier de l'ordre militaire Virtuti Militari, Pologne
Sources : Extraits Eudes Turanel et Archives Armée
Iconographie : Coll. Privée
Le 8 mai 2021, à l'initiative du Souvenir Français, la commune du Bourget du Lac inaugure une stèle en son hommage.