Les Comités  du Souvenir Français Savoie

Les Actions du Comité d'Albertville

Cérémonie commémorative en hommage

à l'adjudant-chef Goetz

Vendredi 12 juillet 2019, s'est déroulée une cérémonie commémorative en l'honneur de l'adjudant-chef Goetz, au monument aux Morts d'Albertville, en présence du général de brigade Pierre-Joseph Givre, commandant la 27e brigade d'infanterie de montagne, du général de division Michel Klein, président de la fédération des soldats de montagne, de Madame Martine Berthet, sénatrice, Messieurs Vincent Rolland, député, Frédéric Burnier-Framboret, maire d'Albertville,les associations mémorielles et Monsieur Bonneau, ancien du bataillon Bulle. La délégation générale du  Souvenir Français était représenté par Frédéric Mareschal délégué général, Jean-Yves Sardella, délégué général adjoint, Edith Sardella, trésorière, Arlette Routin, secrétaire, le comité d'Albertville avec son président François Rieu, ses portes-drapeaux et le drapeau du comité de Montmélian.

Discours du général Klein :

"Le 12 juillet 1944, l’adjudant-chef Michel Goëtz était fusillé à Toussieu par la Gestapo avec 27 autres prisonniers de la prison de Monluc, tous membres des mouvements de la Résistance de la région Rhône-Alpes. En ce 75e anniversaire de la mort de l’adjudant-chef Goëtz, la famille des soldats de montagne veut lui rendre hommage à Albertville, là où il a œuvré pour que la France recouvre sa liberté. Avec le général Givre commandant la 27e, nous remercions la ville d’Albertville de nous avoir permis de réaliser ce moment de mémoire. Je connais le grand attachement que la ville d’Albertville porte aux chasseurs alpins et au 7e BCA en particulier.

Engagé en 1930 au 7e BCA à Albertville, Michel Goëtz est remarqué pour sa rigueur, son entrain et son gout pour le commandement. Il devient rapidement sous-officier de carrière et au début de la guerre, il est promu au grade d’adjudant. En mai et juin 1940, il connait, au sein du 7e BCA,  le choc de la bataille de France. Le 7e BCA avec les camarades du 27e ont tenu le canal de l’Ailette pendant dix jours  sans que les Allemands parviennent à entamer leurs positions ; les Alpins sont relevés laissant sur le bord de l’Ailette de nombreux morts. Après quelques jours de repos, le bataillon de fer et d’acier est de nouveau engagé en vue de contre-attaquer à Pinon des unités de chars allemandes qui ont franchi le canal ; le bataillon va perdre plus 60 % de ses effectifs et va pleurer  la mort de son chef, le commandant Soutiras. Les derniers survivants du 7e BCA sont encerclés par les Allemands. Montrant une rare bravoure lors de tous ces combats, l’adjudant Goetz sera cité.

Prisonnier, il réussit à s’évader d’un camp proche de la frontière polonaise au prix d’un bel exploit et de beaucoup de chances et put rejoindre Paris, puis la Savoie fin août 1940. Ayant connu des sentiments d’impuissance lors de ces combats et ceux d’humiliation lors de sa captivité, L’adjudant Goëtz veut reprendre le combat au plus vite. Le 7e BCA étant officiellement dissous au sein de l’armée d’armistice, il est muté au 13e BCA, où il instruit les caporaux et surtout forge leur âme ; il le fera dans l’esprit de son chef de corps du 13e BCA qui dira dans un ordre du jour : « l’armée d’armistice doit être une épée dont il faut sans cesse entretenir le tranchant ». Il est promu adjudant-chef en octobre 1942. Durant son séjour au 13e BCA, il aide au camouflage d’armes, munitions et matériels du dépôt de Chambéry vers des caches situées aux Marches. Sa flamme patriotique n’est pas atténuée.

Le 27 novembre 1942, comme tous les militaires encore en activité, l’adjudant-chef Goëtz est placé en congé suite à la démobilisation et la dissolution de l’armée d’armistice. D’emblée, il rejoint la Résistance au sein de l’Armée Secrète, non sur Chambéry, mais sur Albertville et la Tarentaise, sur ces terres savoyardes qui furent les hauts lieux de sa carrière militaire avant la guerre.  Sous les ordres de l’aspirant Derbez et en lien avec l’adjudant-chef Marius Bonvin, tous deux anciens du 7e BCA, il organise militairement la résistance dans les massifs de la Tarentaise et du Beaufortin en commençant par établir des maquis à la Plagne, à Quiege et à la Giettaz. Comme l’aspirant Derbez est arrêté en juillet 1943, l’adjudant-chef Goëtz lui succède jusqu’à l’arrivée du capitaine Bulle ;  il dirige les secteurs, rédige les ordres d’opération, met en place la logistique et fait la liaison avec les différents districts. Dans Albertville, le Beaufortin et la Tarentaise, on dénombre, à l’été 1943, 750 volontaires qui, sous le commandement de l’adjudant Goëtz, s’entraînent  et sont prêts aux actions de sabotage et de guérilla. 

En août 1943, le capitaine Jean-Marie Bulle quitte le Dauphiné et le 6e BCA pour la Savoie et devient le chef de l’armée secrète sur Albertville et le Beaufortin. L’adjudant-chef Goëtz le seconde et le guide lors des tous les déplacements dans la région. L’équipe de commandement est bien en place. Hélas, l’adjudant-chef Goëtz est arrêté par la Milice le 23 juin 1944 à Chambéry. Livré à la Gestapo et emprisonné à la prison de Montluc, l’adjudant-chef subit les pires tortures, sans livrer un seul nom ; il fait partie de la communauté des 600 martyrs de la prison de Monluc fusillés par la Gestapo entre avril et août 1944.

Quelle grande reconnaissance nous devons porter à ce sous-officier dont toute l’existence fut marquée par son grand sens du devoir, par son profond attachement à la Patrie. Son souvenir demeure vivant, car il fut choisi, il y a juste dix ans, comme parrain d’une section d’éclaireurs de montagne, promotion des sous-officiers de l’école militaire de haute montagne. Ces sous-officiers de la 27e brigade d’infanterie de montagne ont ainsi choisi de marcher sur les traces de l’Adjudant-chef Goëtz.

En ce 75e anniversaire des combats de la Libération de notre Patrie,  nous nous sommes réunis ce 12 juillet certes pour évoquer le souvenir d’un homme, l’adjudant-chef Goëtz, mais il est évident que nous n’oublions pas tous ceux qui ont combattu au sein de la Résistance en Savoie.

Que de héros sont inscrits sur le monument de la résistance d’Albertville ! Je ne citerai pas les 165 noms. Je voudrai évoquer l’ancien sous-préfet d’Albertville Jean  Moulin qui a été le président du comité national de la Résistance, torturé à Lyon et décédé des suites de ses blessures. Je peux aussi citer l’adjudant-chef  Marius Bonvin, oncle de Mr Jean-Philippe Miege ; il a été arrêté par la Gestapo à Lyon, emprisonné à Montluc, transféré au camp de Compiègne et déporté au camp de Dachau où il décèdera, comme son ami albertvillois Ferdinand Million. Bien évidemment, figure le chef de bataillon Bulle qui sera mis à l’honneur le 23 août prochain pour le 75e anniversaire de la libération d’Albertville ; ce héros qui s’est sacrifié en négociant la reddition de la garnison allemande pour que la libération de votre ville soit réalisée sans pertes humaines.

L’abbé Ploton, aumônier du bataillon Bulle et auteur de l’ouvrage « Quatre années de Résistance à Albertville », écrivait : « A Albertville, les volontaires de la Résistance, frères des traditions d’héroïsme de notre 7e BCA, montrent de quoi la France est capable et donnent à leurs compatriotes, étonnés de leur activité clandestine et périlleuse, l’exemple d’une armée restée digne de son passé et de son pays ».

Mr Bonneau, ancien du bataillon Bulle, nous honore de sa présence. Ses compagnons d’armes nous ont quittés pour un très grand nombre. Les souvenirs de ces moments forts de notre Patrie ne  peuvent s’estomper. Je remercie la ville d’Albertville de nous avoir donné l’occasion de raviver cette mémoire."