Les Comités  du Souvenir Français Savoie

Cérémonie en hommage aux 73 Mobiles Savoyards

morts pour la Patrie

148ème Anniversaire de la bataille de la Lisaine

Vendredi 18 janvier 2019, place Monge, Chambéry s'est déroulée la cérémonie en hommage aux 73 Mobiles Savoyards, morts pour la Patrie au cours des journées des 15 et 16 janvier 1871

Lecture par Frédéric Mareschal, Délégué Général pour la Savoie, du teste suivant :

Le 19 juillet 1870, éclatait le conflit opposant la France et les Etats allemands. Malgré la chute de l’Empire liée à la défaite de Sedan, le 2 septembre 1870, la IIIème République, proclamée le 4 septembre suivant par Léon Gambetta, décida de continuer cette guerre. Un armistice fut signé le 26 janvier 1871 mais il ne concernait pas l’Est. Cet armistice, qui se terminait le 19 février, fut prolongé jusqu'au 26 février, date à laquelle le nouveau gouvernement signa le traité préliminaire de paix. Le traité définitif, le traité de Francfort, fut signé le 10 mai.

Cette guerre qui dura à peine plus de 6 mois, fit 190.000 morts dont 139.000 côté Français, et 474.414 prisonniers. Plus de 300 Savoyards donnèrent leur vie pour leur nouvelle Patrie.

Le 10 juillet 1872, eut lieu en l’église d’Héricourt, la première cérémonie destinée à exprimer les regrets et les sympathies de la France pour ceux qui sont morts en la défendant.

L’oraison funèbre prononcée ce jour-là par l’abbé Besson a été retranscrite dans un petit livret publié dès 1872. Permettez-moi de vous lire le passage consacré à nos Mobiles de Savoie lors de la bataille de la Lizaine, à Bethoncourt, les 15 et 16 janvier 1871 :

[…] voici le village et la plaine de Bethoncourt encore couverts d'un crêpe funèbre. Ici l'ennemi a tout gagné, excepté la gloire : les nôtres ont tout perdu, excepté le courage. Tout est fait pour la sûreté de l'ennemi : les sommets couronnés de bois où se cachent des batteries foudroyantes ; les maisons en amphithéâtre où les soldats s'échelonnent et se dissimulent ; un cimetière qui les abrite par milliers ; le talus du chemin de fer qu'il faut gravir pour parvenir au village ; la rivière qui baigne le talus et qui en forme avec des rochers à pic la principale fortification. Eh bien ! il s'est rencontré un bataillon pour tenter l'assaut de tant de remparts et pour mourir à leurs pieds.

Les mobiles de la Savoie campaient en face, sur la lisière de la forêt. C'est le marquis Costa de Beauregard qui les commande : imaginez la bravoure unie à la popularité. Un prêtre, l'abbé Juteau, est au milieu d'eux : imaginez le zèle avec l'éloquence. Ce prêtre a partagé depuis quatre mois leurs privations, leurs souffrances, leurs périls. Maintenant qu'il faut marcher contre Bethoncourt, on le regarde, le silence se fait, le signal se donne et tout le bataillon tombe à genoux sous cette main qui absout et qui bénit.

Les voilà qui se relèvent, échangeant entre eux des regards où les adieux se peignent, laissant tomber des larmes silencieuses à la pensée de leurs mères, de leurs montagnes et de leur Dieu. Ils marchent, tout se taisait à leur approche, et Bethoncourt semblait évacué. Mais à peine ont-ils traversé la moitié de la plaine que le village, le talus, la crête, se peuplent de fusils. L'ennemi est invisible, mais il est partout. Les balles sifflent, les obus pleuvent, les braves tombent. A la tête de ces braves, deux capitaines, François Milan et Félix Besancenot, à côté d'eux le chirurgien Desmoulins qui reçoit le coup mortel en les assistant, avec eux soixante-onze enfants de la Savoie, héros de vingt ans, Français depuis dix ans à peine, et qui viennent mourir pour leur nouvelle patrie avec ce zèle, cette obéissance, cette abnégation qui accomplit le devoir, mais qui ne le discute jamais. Le prêtre témoin de leur mort a recueilli leurs dernières paroles. Il les a citées sur leur tombe, je les répète devant ces autels, les anges et les hommes en ont fait le sujet de leur entretien. Un obus éclate auprès du capitaine Besancenot et lui brise la main droite, " Ce n'est rien, » dit-il, il ramasse son épée, et regardant sa troupe avec plus de fierté encore : « En avant ! » Il s'avance le premier, sa troupe le suit, deux balles le frappent, il tombe pour ne plus se relever. Eh bien ! le capitaine servira, en tombant, de rempart à ses soldats. « Abrite-toi derrière mon corps,» dit-il au caporal qui l'accompagne. Son testament n'a qu'une ligne : « Ecris à ma famille que je suis mort en brave. » Son dernier soupir est une prière : « Mon Dieu ! ayez pitié de moi. »

Au lendemain de cette guerre, le courage et l’abnégation de nos Mobiles de Savoie ont été salués par tous. Aujourd’hui, il nous appartient de conserver et de transmettre leur Mémoire.

« A nous le Souvenir, à eux l’Immortalité »

Vive la Savoie ! Vive la France !